Histoire du village


FREJAIROLLES

"Pour qu'un enfant grandisse, il faut tout un village."

Pour découvrir Fréjairolles, sa campagne, son environnement cliquez ici

Mme Pascale BERNADOU, descendante de Mr ASSIE Yvon, auteur de "l'Histoire Brève de Fréjairolles" nous a fort gentiment communiqué une version PDF de ce livre.
Les habitants de notre commune ( et d'ailleurs) pourront ainsi approfondir leurs connaissances sur les faits historiques majeurs de notre localité lors des siècles passés.

Nous tenons à remercier Mme BERNADOU pour son initiative et sa gentillesse.
Il ne vous reste plus qu'à télécharger l'ouvrage et à embarquer dans la machine à remonter le temps !!

Bonne lecture !

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« Fréjairolles, ses habitants, son  histoire, ses paysages, son  environnement »
                                           
par Mme Susanne BOUDON (janvier  2015)

Fréjairolles

Si nous considérons l’étymologie, Fréjairolles est le Village de la "fraîche clairière" de la racine latine "frigor" qui signifie fraîcheur et d'un suffixe celtique "oyallum" dont la traduction est fontaine ou clairière .  Ce sens là est plus probable que la définition  publiée sur Wikipédia : « falguieràs en  occitan, signifiant lieu couvert de fougères ».  En effet, le village est un espace comportant de nombreux points d’eau, de puits[  collectifs ou privés, de sources alimentant  encore dans les années 50  le fossé qui  entourait le vieux village ou « village haut ». Ces points d’eau ont sûrement fixé la population. Dans la région  on retrouve d’ailleurs le nom de Fréjaire  lié à la notion de fraîcheur, de source, comme   la fontaine de la Fréjaire à Réalmont.
Commune du Tarn au milieu des collines de terre rouge, les sols  sont partout très argileux, des  pics ou puechs dominent ça et là. Au Sud - Est d'ALBI à 9 km de la ville rouge , le village s'est beaucoup urbanisé depuis les années 90. A l’initiative  des amoureux de la campagne, précurseurs du tourisme vert , les anciens chemins vicinaux abandonnés  ont été ouverts à la pratique de la randonnée. Aujourd’hui le chemin de la Gaugne fait partie du réseau des « Balades en Albigeois ». Depuis 2003 la commune de Fréjairolles,  encore  à dominante rurale,  est englobée dans la communauté d’agglomération de l’Albigeois

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Les Fréjairollais


Ils sont aujourd’hui nombreux, la commune actuellement  de 1359h, n’a jamais eu autant d’habitants. Et pourtant, à la période révolutionnaire en 1793, elle  comptait seulement  480 âmes. Un siècle plus tard elle avait  presque doublé sa population  (816h en 1881), pour se maintenir autour de 700h jusqu’au début du XXème siècle. Les deux guerres mondiales, celle  de 14-18 : «  la grande guerre », puis la 2ème guerre mondiale  en 1939 -1945, et  plus tard l’exode rural feront baisser la population à  551h en 1962. C’est le développement de l’urbanisation, à partir des années 70,  qui permet d’atteindre 1314habitants en 2012 . Les 50 dernières années la population a donc été multipliée par 2,5.  Cette explosion urbaine est liée à la construction de lotissements



Le patrimoine historique : l’église

D’allure très simple,  construite avec des matériaux traditionnels, l’église de Fréjairolles abrite les œuvres artistiques  du peintre Gaillard Lala et du sculpteur Laclau. De ce fait elle  fait partie de  notre patrimoine que l’on appelle aussi le petit patrimoine.

1. La construction de l’église


Les recherches d’Yvon Assié parlent  au Moyen Age d’ « une église bâtie à l’intérieur des remparts,… le chœur  à l’Est se mirant dans les eaux du fossé, à l’opposé du chœur actuel. Il n’y avait pas de chapelles latérales. L’on y pénétrait par le côté Ouest…. » Elle porte le nom de Sainte Cécile, vierge et martyre à Rome, comme la cathédrale d’Albi. La paroisse de Fréjairolles voit le jour au XIIIème siècle. L’église actuelle date de 1837 où elle fut agrandie en longueur ( 21m) en largeur ( 8m) avec, par étapes, la construction de chapelles  financées par les paroissiens ( la chapelle de la vierge en 1836 offerte par Mathieu Barrau de Carlès,  La chapelle Saint Pierre  en 1870,offerte par la famille Maurel de Blanquet,. Les 2 dernières chapelles sont  construites en 1886, chapelle latérale de Saint Joseph et du sacré cœur.
Faite de matériaux composites, torchis, briques, pierres, son clocher carré en briques roses abrite 2 cloches, l’une achetée en 1576 pour donner l’alarme en cas de danger pendant les guerres de religion; l’autre achetée plus tard, avec un bourdon, en 1874. La cloche du 16ème siècle est classée aux monuments historiques.

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    Les anges de la salle curiale


2. Le mobilier d’église et les sculptures de Laclau sont dignes d’intérêt


En 1886 , un mobilier  très intéressant est commandé à   Pierre Paul Laclau, sculpteur local , né à Paulinet :  la chaire, la stalle curiale,   le confessionnal , le  lutrin.
Ces œuvres réalisées en chêne sont dignes d’intérêt. Le style classique d’inspiration Renaissance, style dit « néo-gothique », plaît au clergé. L’abat-voix de la stalle curiale porte une série d’anges. Des entrelacs végétaux décorent l’escalier de la chaire dont la cuve  est ornée de personnages féminins représentant les vertus.



3. Les peintures et fresques de Gaillard Lala


L'église sainte Cécile  a été peinte en  1930, du temps de l’abbé Aliès, par  René Gaillard Lala , peintre régional. Elle est entièrement peinte à l’huile avec 5 grandes fresques (dont 4 dans le chœur ) et de nombreux personnages, portraits de saints,  et scènes religieuses.  En toile de fond des motifs : décors de rinceaux, feuilles d'acanthe, clés de saint Pierre  recouvrent les murs . On remarque aussi  des cartouches de cuir découpés avec à l'intérieur des personnages ou des inscriptions sur tous les murs et la voûte  du chœur, de la nef, des chapelles

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    Fresque du chœur : « le bon samaritain »


Les paysages : patrimoine vivant


Des paysages de prairies, de cultures, sur les collines,  témoignent d’une agriculture encore  très active  même si les agriculteurs sont de moins en moins nombreux.

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  Champs en culture  au pied du  pic de Ramasso,

  (novembre 2014)


Les fonds des  vallées  sont des zones  humides , une petite partie de la commune s’étend dans  le bassin versant de l’Assou dont les bois recouvrent  les  zones pentues ou  les sols peu fertiles.Les quelques bois qui subsistent  sont de taille réduite . Ils ne sont pas comparables à la forêt royale  d’avant le XVIème siècle qui appartenait aux seigneurs de Lombers  et  qui  s’étendait sur toute la commune  . Elle était alors protégée et faisait vivre des bûcherons, des verriers, des charpentiers etc..C’est en 1537 que cette forêt   sera vendue par François  Ier  et la baronnie de Lombers. Les défrichements s’intensifieront à la fin du XVIIème et début du XVIIIème siècle . Aujourd’hui les terres cultivées dominent mais la terre    de Fréjairolles est  toujours « une terre  de chênes ». Ces arbres remarquableBlocss  se rencontrent dans les champs, les prés, en bordure des chemins, des routes et font la beauté de la campagne .
 
Vous retrouverez aussi l’histoire de notre village dans la toponymie. Ainsi  sur la carte de Fréjairolles   nous relevons les noms de « La Forêt », « La Veyrière » en référence aux verriers ; les noms évoquant l’eau, la source ( ou "font" en occitan ) sont  plus fréquents : « Montfrais », « le Fontas », « Fonteneau », « Clairefont ».

Bibliographie, sitographie  :

Yvon Assié, Histoire brève de Fréjairolles  1212-1900, Atelier graphique Saint Jean, Albi 1982
Site de la communauté d’agglomération de l’Albigeois

http://www.grand-albigeois.fr/329-me-promener.htm

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Fréjairolles dans l’histoire


Lors de ses  investigations, Yvon Assié a retrouvé quelques traces de Fréjairolles dans des sources historiques. Il  n’a pas pu dater la création de notre village, mais à partir du Moyen Âge, il découvre  l’implication des habitants  dans des événements majeurs de l’histoire de France.
 
Fréjairolles au Moyen Âge
Les habitants vivent paisiblement dans un petit village fortifié avec  sa modeste église construite en torchis et en briques séchées au soleil.  Dans les environs, l’habitat s’est développé d’abord en lisière de la forêt royale, autour de hameaux comme  les  Pouzaques, de lieux-dits : Ramasso, Le Bousquet.
Du temps de Saint Louis, le village dépend de la baronnie de Lombers. Dans leur château (aujourd’hui détruit), le baron Bernard Boissezon et sa femme Adélaïde, belle et galante châtelaine, reçoivent des princes, organisent des fêtes où musiciens,  troubadours chantent l’amour courtois,  les chansons de geste. Au XIIème siècle, les nobles, les seigneurs se laissent gagner par un nouveau courant religieux qui recherche la pureté originelle du christianisme : c’est l’hérésie cathare. Se sentant menacée, l’Église, soutenue par le pouvoir royal, entreprend la croisade contre ces hérétiques de 1208 à 1244. Lors de la première croisade contre les Albigeois, en 1212, on retrouve le nom de Fréjairolles dans un acte officiel sur la réorganisation des terres conquises sur les Albigeois. Le château de Lombers, foyer de l’hérésie, est menacé. Le seigneur de Lombers avec ceux de Castres, Albi  et le comte de Toulouse Raymond VII finissent par échouer dans leur révolte contre le pouvoir royal[1] et leurs terres passent sous l’autorité du roi tandis que l’Aquitaine est soumise. Ainsi en 1247 les habitants de Fréjairolles deviennent les sujets du roi de France.

Fréjairolles pendant la guerre de cent ans
Une période de malheurs débute à partir de 1337, avec l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre à propos de l’Aquitaine. En effet les Capétiens et les Plantagenêts  sont en rivalité pour    ce duché depuis  que la duchesse Aliénor d’Aquitaine, divorcée du roi de France, a  épousé  le futur roi d’Angleterre Henri II déjà duc de Normandie et comte d’Artois.
À ces troubles politiques s’ajoute le danger de la peste noire importée d’Orient  entre 1347 et 1351. La peste, surnommée « grande morte du Languedoc » gagne le midi de la France, l’épidémie est à Réalmont en 1348.
Avec la menace des anglais, la peur sévit partout. En 1355 le Prince Noir héritier de la couronne d’Angleterre refuse de prêter  hommage au roi de France, il attaque, progresse dans le Languedoc, pille, incendie villages et châteaux. Dans les campagnes le climat d’insécurité est entretenu par des soldats errants, des hordes de pillards anciens mercenaires, des « écorcheurs ». Des bandes d’hommes rançonnent les paysans déjà misérables. De plus, à Fréjairolles,  les récoltes sont détruites par le gibier, les sangliers,  les chevreuils, les loups de la forêt. Ces dégâts  sont si importants qu’en 1389, dans  l’Albigeois,  la chasse est autorisée pour tous les habitants.
Au lendemain de la guerre de cent ans, installé au pied du versant  Sud-est du pic de Fréjairolles,  le village fortifié  s’étend sur une surface restreinte de quelques dizaines d’ares. Un fossé large de 5 m et profond de 3m l’entoure, une tour carrée de guet le protège.  Cette dernière  se dresse probablement  au niveau du presbytère actuel. Une porte unique ou « passade », située  du côté de l’ancien cimetière ou près de l’escalier actuel de l’église, donne accès à la seule rue montant le long du mur de l’église.
 
Après cette longue  guerre  s’installe une période de prospérité où se développent les  chemins, les routes et les relations entre villages. Mais, dans la 2ème moitié du XVIème siècle la paix est interrompue par une guerre fratricide entre protestants et catholiques. 

Fréjairolles pendant les guerres de religion
L’opposition entre protestants et catholiques  touche Fréjairolles comme toutes les communes  des environs : Dénat, Fauch, Lombers, Réalmont. Lorsqu’Henri III devient roi de France en 1574, les progrès du calvinisme  ont déjà divisé le royaume entre les protestants d’Henri de Navarrre et les catholiques d’Henri de Guise. Cette fracture religieuse donne lieu à huit épisodes guerriers en 36 ans avec plusieurs tentatives de paix. Le premier édit de pacification en 1563 n’est pas respecté. Des bandes de soldats pillards envahissent l’Albigeois. L’édit de Poitiers qui signe un compromis de paix en 1577 n’est pas appliqué en Languedoc. Catholiques et Huguenots ou « iganaouts » se livrent une guerre impitoyable. À Albi  des épidémies de peste, des hivers très rudes  s’ajoutent aux troubles et détruisent familles et récoltes. Le groupe Cabansac constitué de « rudes gaillards » saccage Fréjairolles  et ses alentours.
Depuis 1568 Réalmont est une importante place forte protestante. Alors que  le massacre de la saint Barthélémy répand le désir de vengeance chez les religionnaires, la reine mère  Catherine de Médicis,  se met en route pour le Languedoc, à la rencontre de son gendre Henri de Navarre. Lors de  plusieurs conférences dont celle de Montauban, les protestants de Fréjairolles reçoivent une lettre du vicomte de Paulin leur demandant de « ne pas attaquer ni faire prisonnier les catholiques », pendant ces conférences. En 1578, les protestants s’emparent de la maison du Fort, à proximité de Fréjairolles, et une troupe conduite par un certain Rustan, chef de section des Huguenots, entre  dans le village. Une partie des Fréjairollais sympathise avec les occupants, et sert la cause de la religion réformée. En 1587 un autre chef de guerre, le sergent Fabri s’empare du village déjà en ruine, s’y installe et lance des opérations de pillage dans les environs. Fréjairolles devient ainsi un repaire de brigands. La colère des habitants d’Albi est telle qu’après le départ de Fabri, ils détruisent les fortifications de Fréjairolles et empêchent la reconstruction de la tour de guet.
Henri IV roi de France, l’édit de Nantes de 1598, édit de pacification et de concorde met un terme provisoire  à ces épisodes de guerre civile. Mais l’assassinat d’Henri IV, roi de « la tolérance », remet en cause  la paix, les luttes reprennent  sous Louis XIII.
Fréjairolles est  encore citée lors du siège de Réalmont qui se termine en 1628. En effet le prince de Condé qui part à l’assaut de Réalmont, la plus solide place protestante en Albigeois, s’arrête et installe son campement au bord de l’Assou, sur la rive droite entre le Moulin de Resse et la Davignié. À la tête de 6000 hommes dont 350 cavaliers et plusieurs milliers de fantassins, il réquisitionne foin, avoine pour les chevaux, nourriture et vin pour les soldats. Les officiers logent à la Davignié. Ces « prises de guerre » appauvrissent considérablement   les habitants.
Richelieu, lors de sa visite en Languedoc en 1629 pour veiller à l’exécution de la paix d’Alès, passe par la route de la montagne (Fréjairolles, Ramasso, Fauch) à cause de la peste qui sévit dans la région. La tradition orale dit que « fatigué il se repose  à Cavaziès sous un chêne  longtemps appelé chêne du cardinal ».
Au début du XVIIème siècle, Fréjairolles  se résume  à quelquesmaisons, un rempart circulaire qui le défend, et  les restes de la tour qui abritent presbytère et clocher.
 
Fréjairolles dans la période d’Ancien Régime
En 1671 le roi possède le consulat de Fréjairolles sorte d’organisation municipale héritée des romains et administrée par 3 consuls qui peuvent être élus lors de la fête religieuse  de Toussaint par les vieux consuls. Ce système s’est mis en place  au Moyen Âge, dans le midi de la France, lorsque les populations villageoises et urbaines obtiennent de leurs seigneurs des franchises et certaines libertés dont le droit de se gouverner. Les terres de Fréjairolles  se partagent entre plusieurs seigneuries, par exemple celle du Fort, la seigneurie  de Rayssac. Cette dernière possède des terres à Cavaziès pour l’élevage et le dressage des chevaux de la commanderie de Rayssac qui appartient aux chevaliers de Malte, ordre religieux hospitalier et militaire issu des croisades.
À la fin du XVIIème et au XVIIIème siècle, dans tout le royaume, avec le système politique  de la monarchie absolue, la religion catholique religion d’État, la société de l’ancien régime, est une société très hiérarchisée divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers-état. Elle est très  inégalitaire. Tandis que le clergé et les seigneurs sont exemptés de redevances, les habitants de Fréjairolles doivent s’acquitter de nombreuses taxes  auprès du clergé, du roi et des seigneurs : droit d’albergue (d’hébergement), droit de fouage dû par chaque foyer (une volaille au carnaval, douze œufs aux rogations), droit de censive ( le cens, redevance  payée en froment, seigle, avoine, volaille) ; droit de tasque (appelé aussi champart, impôt en nature prélevé sur les récoltes pour l’entretien du château seigneurial), droit de four banal (pour l’utilisation obligatoire du four du seigneur  et soumise à redevance) etc… En contrepartie de toutes ces taxes, les habitants ont le droit de pêcher, chasser et construire.  Les consuls qui sont les gardiens des biens et de la vie des habitants soutiennent, à plusieurs reprises, les Fréjairollais ; on note par exemple  qu’Ils réclament leur dédommagement pour les nombreuses  réquisitions opérées par l’armée de Condé lors du siège de Réalmont.


Fréjairolles  pendant La Révolution  de 1789
Comme dans toute la France, les oppositions se manifestent entre nobles et révolutionnaires, entre clergé et révolutionnaires. En mai 1789, et en vue de la réunion des États généraux, à la demande du roi Louis XVI, le peuple de tout le royaume rédige, de février à mars, les cahiers de doléances : répertoires de toutes les plaintes et réclamations. À Fréjairolles,  après délibération des trois ordres réunis, la population se plaint de « la levée des soldats provinciaux » qui prive les cultivateurs des bras de leurs enfants pour le travail de la terre, des impositions « extraordinairement fortes » alors que le terrain  est « infertile en grande partie ». Ils réclament à être « encouragés au défrichement ». Les droits, les privilèges seigneuriaux sont abolis la nuit du 4 août 1789. L’organisation administrative  du XVII et XVIIIème siècle a vécu. Les maires avec adjoints et conseillers remplacent les consuls. À Fréjairolles,  un sans-culotte fait parler de lui. Le dénommé Martin, à la tête de la seigneurie du Fort, devient le citoyen Martin. La virulence de son nouvel engagement  contribue au surnom de « furieux révolutionnaire » et il occupe la fonction de premier maire de la commune. En 1791 les biens de l’église de Fréjairolles avec ses 3 champs sont vendus et en 1793 le curé de Fréjairolles bien que pauvre et appartenant  au bas clergé, est arrêté sur dénonciation extérieure. La bienveillance de certains révolutionnaires n’a pas été suffisante. En effet Barthélémy Fages, âgé, refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé de 1790, serment obligatoire pour les évêques et les prêtres.
C’est encore à la Révolution que les limites  actuelles de la commune se précisent. La forêt royale revient en majeure partie à la commune de Fréjairolles avec, entre autres,  les domaines de Castandel le haut, de  la Borie basse, de  la Forêt, de la Veyrière.

 
Fréjairolles au XIXème siècle

La révolution industrielle et le boom ferroviaire transforment le pays. Alors que  le réseau de chemin de fer  se tisse à  travers la France et que débute le  désenclavement  des provinces, la campagne fréjairollaise vit au rythme de la diligence. L’église catholique  redéploye son influence. L’abbé Mauriès  responsable de la paroisse de 1820 à 1867 fait figure de bâtisseur. En 1824 le presbytère est construit en bordure de la route d’Albi sur l’emplacement de la mairie actuelle. L’abbé fait reconstruire l’église  laissée à l’abandon, combler les fossés qui séparent l’ancienne église du presbytère actuel. La nouvelle église  se dresse à partir de 1837,  équipée d’un bel autel en marbre, de chandeliers en bronze doré, meublée d’un confessionnal réalisé par le charpentier de la Teulière, Guillaume Cuq, de bancs et chaises. Grâce aux dons importants des  familles, l’embellissement de l’église ne cesse  de se poursuivre tout au long du siècle. Des travaux d’art (La stalle curiale la chaire, un nouveau confessionnal) sont commandés au sculpteur sur bois Laclau.
Parallèlement la république s’installe et se consolide, la 3ème République concrétise son projet d’instruction obligatoire. Avec les lois de Jules Ferry 1881-1882 l’école primaire publique devient  gratuite et obligatoire pour tous. En 1877, à Fréjairolles, sur proposition du curé Flottes, le conseil municipal et  la paroisse font un échange de terrains : celui de la vieille école adossée au mur du fond de l’église contre celui du presbytère en bordure de la grande route d’Albi. En effet  le conseil municipal  fait le projet de construire une nouvelle école primaire dont on retrouve  trace en 1884 et les plans de 1887. Deux nouvelles  écoles de filles et de garçons, dotées de  deux logements pour les instituteurs encadrent la nouvelle mairie et vont donner plus d’intérêt à cette partie du village. 
En cette  2ème moitié du XIXème siècle la population de Féjairolles connaît un pic démographique avec 816 habitants  en 1881. Pour trouver  du travail certains tentent l’aventure coloniale  en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Dans la famille Cuq du Brugas, 4 enfants sur 8 partent vers ces nouvelles contrées, en particulier la région de Mascara qui accueille plusieurs familles  issues de Fréjairolles.

 Le XXème siècle à Fréjairolles
Au début du XX ème siècle le village  comporte 2 parties « le village haut » ou  partie la plus ancienne autour de l’église et « le village bas » ou « village rue » le long de la route d’Albi; la place avec un calvaire sert de trait d’union. Le village garde cette physionomie pendant un demi siècle. Puis le « village haut » subit, l’été1968, un incendie qui détruit des maisons, les anciens couverts avec les étables et les écuries des villageois. En effet jusque dans les années 40, les familles Condomine, Lafont et Maynadier ont des animaux qui chaque jour vont boire l’eau du fossé. L’eau y est si claire que les femmes y lavent même le linge. Ce village vit en symbiose avec le monde rural, les vaches paissent tranquillement sur les bas côtés des routes et en face du cimetière. C’est bien plus tard que le village  se transforme  avec le  développement de l’urbanisation des  années  80-90.
 La première partie du siècle  meurtrit profondément les familles  avec la  grande guerre  qui  cause la perte de 27 jeunes gens de la commune.
Au début de la 2ème guerre mondiale, à l’été 1940, les réfugiés belges sont accueillis dans  plusieurs familles à Blanquet, au Brugas, à Mazens, à Revel, à Pinet, au village haut et dans d’autres lieux peut être. Le secrétaire de mairie et instituteur, monsieur Labit, en fournissant de faux certificats, contribue à sauver une famille juive réfugiée à Revel.
Dans les années 50 la vie rurale rythme encore  les semaines et les saisons. Le village a beaucoup de vitalité avec son boulanger, ses 2 épiceries, ses 2 forgerons, son menuisier, son charron, son laitier, son café (3 avant la guerre), ses 2 écoles, sa mairie et son église. Le dimanche, les fêtes et  offices religieux rassemblent la population. À  la sortie de la messe  on se retrouve, on bavarde. L’église, flambant neuve, repeinte par le peintre Gaillard Lala  en 1930 sur commande de l’abbé Aliès, est l’objet  d’un bon entretien.
De jeunes agriculteurs engagés dans le mouvement  JAC  (Jeunesse Agricole Catholique) animent la salle paroissiale,  montent des spectacles.  La place ombragée de tilleuls, au sol irrégulier parfois  en  herbe et souvent en terre battue offre un terrain de jeu aux enfants qui envahissent la rue principale pour jouer à la marelle ou faire du vélo. Les voitures peu nombreuses roulent lentement. Lors des  fêtes  votives de sainte Cécile, de  la fête du printemps, on danse sur la route.
La deuxième partie du siècle voit la mécanisation de l’agriculture, la modernisation des campagnes  avec plus de confort, l’arrivée de l’eau courante grâce au barrage de Razisse. Dans ce contexte  de développement économique des « 30 glorieuses », les métiers se transforment, les forgerons ne battent plus le fer mais se reconvertissent dans la mécanique, la construction de machines agricoles, l’installation de salles de bain, de  chauffage, les charpentes métalliques.
Le village vit une profonde mutation, dans ses activités avec l’utilisation massive de l’automobile, dans son espace avec  la création de lotissements  et l’arrivée de nouveaux habitants qui génère plus de services. Un tissu associatif très actif maintient les liens dans une commune de moins en moins rurale et de plus en plus soumise aux règles  urbaines du Grand Albigeois auquel elle appartient depuis le début du XXIème siècle.

[1] Signé par Louis IX et Raymond VII de Toulouse, le traité de Paris mettait fin à la croisade contre les Albigeois.


Bibliographie, sitographie :

Camille Rabaud, Histoire du protestantisme dans l’Albigeois et le Lauragais, 1873, ouvrage en ligne
Yvon Assié, Histoire brève de Fréjairolles  1212-1900, Atelier graphique Saint Jean, Albi 1982
Suzanne Boudon-Maynadier, recherches et documents personnels, témoignages et photographies 

Site de la communauté d’agglomération de l’Albigeois
http://www.grand-albigeois.fr/329-me-promener.htm
 
Archives départementales  du tarn
http://archives.tarn.fr/index.php?id=858