Histoire du village
FREJAIROLLES
"Pour qu'un enfant grandisse, il faut tout un village."Pour découvrir Fréjairolles, sa campagne, son environnement cliquez ici
Mme Pascale BERNADOU, descendante de Mr ASSIE Yvon, auteur de "l'Histoire Brève de Fréjairolles" nous a fort gentiment communiqué une version PDF de ce livre.
Les habitants de notre commune ( et d'ailleurs) pourront ainsi approfondir leurs connaissances sur les faits historiques majeurs de notre localité lors des siècles passés.
Nous tenons à remercier Mme BERNADOU pour son initiative et sa gentillesse.
Il ne vous reste plus qu'à télécharger l'ouvrage et à embarquer dans la machine à remonter le temps !!
Bonne lecture !
« Fréjairolles, ses habitants, son histoire, ses paysages, son environnement »
par Mme Susanne BOUDON (janvier 2015)
Fréjairolles
Si nous considérons l’étymologie, Fréjairolles est le Village de la "fraîche clairière" de la racine latine "frigor" qui signifie fraîcheur et d'un suffixe celtique "oyallum" dont la traduction est fontaine ou clairière . Ce sens là est plus probable que la définition publiée sur Wikipédia : « falguieràs en occitan, signifiant lieu couvert de fougères ». En effet, le village est un espace comportant de nombreux points d’eau, de puits[ collectifs ou privés, de sources alimentant encore dans les années 50 le fossé qui entourait le vieux village ou « village haut ». Ces points d’eau ont sûrement fixé la population. Dans la région on retrouve d’ailleurs le nom de Fréjaire lié à la notion de fraîcheur, de source, comme la fontaine de la Fréjaire à Réalmont.
Commune du Tarn au milieu des collines de terre rouge, les sols sont partout très argileux, des pics ou puechs dominent ça et là. Au Sud - Est d'ALBI à 9 km de la ville rouge , le village s'est beaucoup urbanisé depuis les années 90. A l’initiative des amoureux de la campagne, précurseurs du tourisme vert , les anciens chemins vicinaux abandonnés ont été ouverts à la pratique de la randonnée. Aujourd’hui le chemin de la Gaugne fait partie du réseau des « Balades en Albigeois ». Depuis 2003 la commune de Fréjairolles, encore à dominante rurale, est englobée dans la communauté d’agglomération de l’Albigeois
Les Fréjairollais
Ils sont aujourd’hui nombreux, la commune actuellement de 1359h, n’a jamais eu autant d’habitants. Et pourtant, à la période révolutionnaire en 1793, elle comptait seulement 480 âmes. Un siècle plus tard elle avait presque doublé sa population (816h en 1881), pour se maintenir autour de 700h jusqu’au début du XXème siècle. Les deux guerres mondiales, celle de 14-18 : « la grande guerre », puis la 2ème guerre mondiale en 1939 -1945, et plus tard l’exode rural feront baisser la population à 551h en 1962. C’est le développement de l’urbanisation, à partir des années 70, qui permet d’atteindre 1314habitants en 2012 . Les 50 dernières années la population a donc été multipliée par 2,5. Cette explosion urbaine est liée à la construction de lotissements
Le patrimoine historique : l’église
D’allure très simple, construite avec des matériaux traditionnels, l’église de Fréjairolles abrite les œuvres artistiques du peintre Gaillard Lala et du sculpteur Laclau. De ce fait elle fait partie de notre patrimoine que l’on appelle aussi le petit patrimoine.
1. La construction de l’église
Les recherches d’Yvon Assié parlent au Moyen Age d’ « une église bâtie à l’intérieur des remparts,… le chœur à l’Est se mirant dans les eaux du fossé, à l’opposé du chœur actuel. Il n’y avait pas de chapelles latérales. L’on y pénétrait par le côté Ouest…. » Elle porte le nom de Sainte Cécile, vierge et martyre à Rome, comme la cathédrale d’Albi. La paroisse de Fréjairolles voit le jour au XIIIème siècle. L’église actuelle date de 1837 où elle fut agrandie en longueur ( 21m) en largeur ( 8m) avec, par étapes, la construction de chapelles financées par les paroissiens ( la chapelle de la vierge en 1836 offerte par Mathieu Barrau de Carlès, La chapelle Saint Pierre en 1870,offerte par la famille Maurel de Blanquet,. Les 2 dernières chapelles sont construites en 1886, chapelle latérale de Saint Joseph et du sacré cœur.
Faite de matériaux composites, torchis, briques, pierres, son clocher carré en briques roses abrite 2 cloches, l’une achetée en 1576 pour donner l’alarme en cas de danger pendant les guerres de religion; l’autre achetée plus tard, avec un bourdon, en 1874. La cloche du 16ème siècle est classée aux monuments historiques.
Les anges de la salle curiale
2. Le mobilier d’église et les sculptures de Laclau sont dignes d’intérêt
En 1886 , un mobilier très intéressant est commandé à Pierre Paul Laclau, sculpteur local , né à Paulinet : la chaire, la stalle curiale, le confessionnal , le lutrin.
Ces œuvres réalisées en chêne sont dignes d’intérêt. Le style classique d’inspiration Renaissance, style dit « néo-gothique », plaît au clergé. L’abat-voix de la stalle curiale porte une série d’anges. Des entrelacs végétaux décorent l’escalier de la chaire dont la cuve est ornée de personnages féminins représentant les vertus.
3. Les peintures et fresques de Gaillard Lala
L'église sainte Cécile a été peinte en 1930, du temps de l’abbé Aliès, par René Gaillard Lala , peintre régional. Elle est entièrement peinte à l’huile avec 5 grandes fresques (dont 4 dans le chœur ) et de nombreux personnages, portraits de saints, et scènes religieuses. En toile de fond des motifs : décors de rinceaux, feuilles d'acanthe, clés de saint Pierre recouvrent les murs . On remarque aussi des cartouches de cuir découpés avec à l'intérieur des personnages ou des inscriptions sur tous les murs et la voûte du chœur, de la nef, des chapelles
Fresque du chœur : « le bon samaritain »
Les paysages : patrimoine vivant
Des paysages de prairies, de cultures, sur les collines, témoignent d’une agriculture encore très active même si les agriculteurs sont de moins en moins nombreux.
Champs en culture au pied du pic de Ramasso,
(novembre 2014)
Les fonds des vallées sont des zones humides , une petite partie de la commune s’étend dans le bassin versant de l’Assou dont les bois recouvrent les zones pentues ou les sols peu fertiles.Les quelques bois qui subsistent sont de taille réduite . Ils ne sont pas comparables à la forêt royale d’avant le XVIème siècle qui appartenait aux seigneurs de Lombers et qui s’étendait sur toute la commune . Elle était alors protégée et faisait vivre des bûcherons, des verriers, des charpentiers etc..C’est en 1537 que cette forêt sera vendue par François Ier et la baronnie de Lombers. Les défrichements s’intensifieront à la fin du XVIIème et début du XVIIIème siècle . Aujourd’hui les terres cultivées dominent mais la terre de Fréjairolles est toujours « une terre de chênes ». Ces arbres remarquableBlocss se rencontrent dans les champs, les prés, en bordure des chemins, des routes et font la beauté de la campagne .
Vous retrouverez aussi l’histoire de notre village dans la toponymie. Ainsi sur la carte de Fréjairolles nous relevons les noms de « La Forêt », « La Veyrière » en référence aux verriers ; les noms évoquant l’eau, la source ( ou "font" en occitan ) sont plus fréquents : « Montfrais », « le Fontas », « Fonteneau », « Clairefont ».
Bibliographie, sitographie :
Yvon Assié, Histoire brève de Fréjairolles 1212-1900, Atelier graphique Saint Jean, Albi 1982
Site de la communauté d’agglomération de l’Albigeois
http://www.grand-albigeois.fr/329-me-promener.htm
Fréjairolles dans l’histoire
Lors de ses investigations, Yvon Assié a retrouvé quelques traces de Fréjairolles dans des sources historiques. Il n’a pas pu dater la création de notre village, mais à partir du Moyen Âge, il découvre l’implication des habitants dans des événements majeurs de l’histoire de France.
Fréjairolles au Moyen Âge
Les habitants vivent paisiblement dans un petit village fortifié avec sa modeste église construite en torchis et en briques séchées au soleil. Dans les environs, l’habitat s’est développé d’abord en lisière de la forêt royale, autour de hameaux comme les Pouzaques, de lieux-dits : Ramasso, Le Bousquet.
Du temps de Saint Louis, le village dépend de la baronnie de Lombers. Dans leur château (aujourd’hui détruit), le baron Bernard Boissezon et sa femme Adélaïde, belle et galante châtelaine, reçoivent des princes, organisent des fêtes où musiciens, troubadours chantent l’amour courtois, les chansons de geste. Au XIIème siècle, les nobles, les seigneurs se laissent gagner par un nouveau courant religieux qui recherche la pureté originelle du christianisme : c’est l’hérésie cathare. Se sentant menacée, l’Église, soutenue par le pouvoir royal, entreprend la croisade contre ces hérétiques de 1208 à 1244. Lors de la première croisade contre les Albigeois, en 1212, on retrouve le nom de Fréjairolles dans un acte officiel sur la réorganisation des terres conquises sur les Albigeois. Le château de Lombers, foyer de l’hérésie, est menacé. Le seigneur de Lombers avec ceux de Castres, Albi et le comte de Toulouse Raymond VII finissent par échouer dans leur révolte contre le pouvoir royal[1] et leurs terres passent sous l’autorité du roi tandis que l’Aquitaine est soumise. Ainsi en 1247 les habitants de Fréjairolles deviennent les sujets du roi de France.
Fréjairolles pendant la guerre de cent ans
Une période de malheurs débute à partir de 1337, avec l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre à propos de l’Aquitaine. En effet les Capétiens et les Plantagenêts sont en rivalité pour ce duché depuis que la duchesse Aliénor d’Aquitaine, divorcée du roi de France, a épousé le futur roi d’Angleterre Henri II déjà duc de Normandie et comte d’Artois.
À ces troubles politiques s’ajoute le danger de la peste noire importée d’Orient entre 1347 et 1351. La peste, surnommée « grande morte du Languedoc » gagne le midi de la France, l’épidémie est à Réalmont en 1348.
Avec la menace des anglais, la peur sévit partout. En 1355 le Prince Noir héritier de la couronne d’Angleterre refuse de prêter hommage au roi de France, il attaque, progresse dans le Languedoc, pille, incendie villages et châteaux. Dans les campagnes le climat d’insécurité est entretenu par des soldats errants, des hordes de pillards anciens mercenaires, des « écorcheurs ». Des bandes d’hommes rançonnent les paysans déjà misérables. De plus, à Fréjairolles, les récoltes sont détruites par le gibier, les sangliers, les chevreuils, les loups de la forêt. Ces dégâts sont si importants qu’en 1389, dans l’Albigeois, la chasse est autorisée pour tous les habitants.
Au lendemain de la guerre de cent ans, installé au pied du versant Sud-est du pic de Fréjairolles, le village fortifié s’étend sur une surface restreinte de quelques dizaines d’ares. Un fossé large de 5 m et profond de 3m l’entoure, une tour carrée de guet le protège. Cette dernière se dresse probablement au niveau du presbytère actuel. Une porte unique ou « passade », située du côté de l’ancien cimetière ou près de l’escalier actuel de l’église, donne accès à la seule rue montant le long du mur de l’église.
Après cette longue guerre s’installe une période de prospérité où se développent les chemins, les routes et les relations entre villages. Mais, dans la 2ème moitié du XVIème siècle la paix est interrompue par une guerre fratricide entre protestants et catholiques.
Fréjairolles pendant les guerres de religion
L’opposition entre protestants et catholiques touche Fréjairolles comme toutes les communes des environs : Dénat, Fauch, Lombers, Réalmont. Lorsqu’Henri III devient roi de France en 1574, les progrès du calvinisme ont déjà divisé le royaume entre les protestants d’Henri de Navarrre et les catholiques d’Henri de Guise. Cette fracture religieuse donne lieu à huit épisodes guerriers en 36 ans avec plusieurs tentatives de paix. Le premier édit de pacification en 1563 n’est pas respecté. Des bandes de soldats pillards envahissent l’Albigeois. L’édit de Poitiers qui signe un compromis de paix en 1577 n’est pas appliqué en Languedoc. Catholiques et Huguenots ou « iganaouts » se livrent une guerre impitoyable. À Albi des épidémies de peste, des hivers très rudes s’ajoutent aux troubles et détruisent familles et récoltes. Le groupe Cabansac constitué de « rudes gaillards » saccage Fréjairolles et ses alentours.
Depuis 1568 Réalmont est une importante place forte protestante. Alors que le massacre de la saint Barthélémy répand le désir de vengeance chez les religionnaires, la reine mère Catherine de Médicis, se met en route pour le Languedoc, à la rencontre de son gendre Henri de Navarre. Lors de plusieurs conférences dont celle de Montauban, les protestants de Fréjairolles reçoivent une lettre du vicomte de Paulin leur demandant de « ne pas attaquer ni faire prisonnier les catholiques », pendant ces conférences. En 1578, les protestants s’emparent de la maison du Fort, à proximité de Fréjairolles, et une troupe conduite par un certain Rustan, chef de section des Huguenots, entre dans le village. Une partie des Fréjairollais sympathise avec les occupants, et sert la cause de la religion réformée. En 1587 un autre chef de guerre, le sergent Fabri s’empare du village déjà en ruine, s’y installe et lance des opérations de pillage dans les environs. Fréjairolles devient ainsi un repaire de brigands. La colère des habitants d’Albi est telle qu’après le départ de Fabri, ils détruisent les fortifications de Fréjairolles et empêchent la reconstruction de la tour de guet.
Henri IV roi de France, l’édit de Nantes de 1598, édit de pacification et de concorde met un terme provisoire à ces épisodes de guerre civile. Mais l’assassinat d’Henri IV, roi de « la tolérance », remet en cause la paix, les luttes reprennent sous Louis XIII.
Fréjairolles est encore citée lors du siège de Réalmont qui se termine en 1628. En effet le prince de Condé qui part à l’assaut de Réalmont, la plus solide place protestante en Albigeois, s’arrête et installe son campement au bord de l’Assou, sur la rive droite entre le Moulin de Resse et la Davignié. À la tête de 6000 hommes dont 350 cavaliers et plusieurs milliers de fantassins, il réquisitionne foin, avoine pour les chevaux, nourriture et vin pour les soldats. Les officiers logent à la Davignié. Ces « prises de guerre » appauvrissent considérablement les habitants.
Richelieu, lors de sa visite en Languedoc en 1629 pour veiller à l’exécution de la paix d’Alès, passe par la route de la montagne (Fréjairolles, Ramasso, Fauch) à cause de la peste qui sévit dans la région. La tradition orale dit que « fatigué il se repose à Cavaziès sous un chêne longtemps appelé chêne du cardinal ».
Au début du XVIIème siècle, Fréjairolles se résume à quelquesmaisons, un rempart circulaire qui le défend, et les restes de la tour qui abritent presbytère et clocher.
Fréjairolles dans la période d’Ancien Régime
En 1671 le roi possède le consulat de Fréjairolles sorte d’organisation municipale héritée des romains et administrée par 3 consuls qui peuvent être élus lors de la fête religieuse de Toussaint par les vieux consuls. Ce système s’est mis en place au Moyen Âge, dans le midi de la France, lorsque les populations villageoises et urbaines obtiennent de leurs seigneurs des franchises et certaines libertés dont le droit de se gouverner. Les terres de Fréjairolles se partagent entre plusieurs seigneuries, par exemple celle du Fort, la seigneurie de Rayssac. Cette dernière possède des terres à Cavaziès pour l’élevage et le dressage des chevaux de la commanderie de Rayssac qui appartient aux chevaliers de Malte, ordre religieux hospitalier et militaire issu des croisades.
À la fin du XVIIème et au XVIIIème siècle, dans tout le royaume, avec le système politique de la monarchie absolue, la religion catholique religion d’État, la société de l’ancien régime, est une société très hiérarchisée divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers-état. Elle est très inégalitaire. Tandis que le clergé et les seigneurs sont exemptés de redevances, les habitants de Fréjairolles doivent s’acquitter de nombreuses taxes auprès du clergé, du roi et des seigneurs : droit d’albergue (d’hébergement), droit de fouage dû par chaque foyer (une volaille au carnaval, douze œufs aux rogations), droit de censive ( le cens, redevance payée en froment, seigle, avoine, volaille) ; droit de tasque (appelé aussi champart, impôt en nature prélevé sur les récoltes pour l’entretien du château seigneurial), droit de four banal (pour l’utilisation obligatoire du four du seigneur et soumise à redevance) etc… En contrepartie de toutes ces taxes, les habitants ont le droit de pêcher, chasser et construire. Les consuls qui sont les gardiens des biens et de la vie des habitants soutiennent, à plusieurs reprises, les Fréjairollais ; on note par exemple qu’Ils réclament leur dédommagement pour les nombreuses réquisitions opérées par l’armée de Condé lors du siège de Réalmont.
Fréjairolles pendant La Révolution de 1789
Comme dans toute la France, les oppositions se manifestent entre nobles et révolutionnaires, entre clergé et révolutionnaires. En mai 1789, et en vue de la réunion des États généraux, à la demande du roi Louis XVI, le peuple de tout le royaume rédige, de février à mars, les cahiers de doléances : répertoires de toutes les plaintes et réclamations. À Fréjairolles, après délibération des trois ordres réunis, la population se plaint de « la levée des soldats provinciaux » qui prive les cultivateurs des bras de leurs enfants pour le travail de la terre, des impositions « extraordinairement fortes » alors que le terrain est « infertile en grande partie ». Ils réclament à être « encouragés au défrichement ». Les droits, les privilèges seigneuriaux sont abolis la nuit du 4 août 1789. L’organisation administrative du XVII et XVIIIème siècle a vécu. Les maires avec adjoints et conseillers remplacent les consuls. À Fréjairolles, un sans-culotte fait parler de lui. Le dénommé Martin, à la tête de la seigneurie du Fort, devient le citoyen Martin. La virulence de son nouvel engagement contribue au surnom de « furieux révolutionnaire » et il occupe la fonction de premier maire de la commune. En 1791 les biens de l’église de Fréjairolles avec ses 3 champs sont vendus et en 1793 le curé de Fréjairolles bien que pauvre et appartenant au bas clergé, est arrêté sur dénonciation extérieure. La bienveillance de certains révolutionnaires n’a pas été suffisante. En effet Barthélémy Fages, âgé, refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé de 1790, serment obligatoire pour les évêques et les prêtres.
C’est encore à la Révolution que les limites actuelles de la commune se précisent. La forêt royale revient en majeure partie à la commune de Fréjairolles avec, entre autres, les domaines de Castandel le haut, de la Borie basse, de la Forêt, de la Veyrière.
Fréjairolles au XIXème siècle
La révolution industrielle et le boom ferroviaire transforment le pays. Alors que le réseau de chemin de fer se tisse à travers la France et que débute le désenclavement des provinces, la campagne fréjairollaise vit au rythme de la diligence. L’église catholique redéploye son influence. L’abbé Mauriès responsable de la paroisse de 1820 à 1867 fait figure de bâtisseur. En 1824 le presbytère est construit en bordure de la route d’Albi sur l’emplacement de la mairie actuelle. L’abbé fait reconstruire l’église laissée à l’abandon, combler les fossés qui séparent l’ancienne église du presbytère actuel. La nouvelle église se dresse à partir de 1837, équipée d’un bel autel en marbre, de chandeliers en bronze doré, meublée d’un confessionnal réalisé par le charpentier de la Teulière, Guillaume Cuq, de bancs et chaises. Grâce aux dons importants des familles, l’embellissement de l’église ne cesse de se poursuivre tout au long du siècle. Des travaux d’art (La stalle curiale la chaire, un nouveau confessionnal) sont commandés au sculpteur sur bois Laclau.
Parallèlement la république s’installe et se consolide, la 3ème République concrétise son projet d’instruction obligatoire. Avec les lois de Jules Ferry 1881-1882 l’école primaire publique devient gratuite et obligatoire pour tous. En 1877, à Fréjairolles, sur proposition du curé Flottes, le conseil municipal et la paroisse font un échange de terrains : celui de la vieille école adossée au mur du fond de l’église contre celui du presbytère en bordure de la grande route d’Albi. En effet le conseil municipal fait le projet de construire une nouvelle école primaire dont on retrouve trace en 1884 et les plans de 1887. Deux nouvelles écoles de filles et de garçons, dotées de deux logements pour les instituteurs encadrent la nouvelle mairie et vont donner plus d’intérêt à cette partie du village.
En cette 2ème moitié du XIXème siècle la population de Féjairolles connaît un pic démographique avec 816 habitants en 1881. Pour trouver du travail certains tentent l’aventure coloniale en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Dans la famille Cuq du Brugas, 4 enfants sur 8 partent vers ces nouvelles contrées, en particulier la région de Mascara qui accueille plusieurs familles issues de Fréjairolles.
Le XXème siècle à Fréjairolles
Au début du XX ème siècle le village comporte 2 parties « le village haut » ou partie la plus ancienne autour de l’église et « le village bas » ou « village rue » le long de la route d’Albi; la place avec un calvaire sert de trait d’union. Le village garde cette physionomie pendant un demi siècle. Puis le « village haut » subit, l’été1968, un incendie qui détruit des maisons, les anciens couverts avec les étables et les écuries des villageois. En effet jusque dans les années 40, les familles Condomine, Lafont et Maynadier ont des animaux qui chaque jour vont boire l’eau du fossé. L’eau y est si claire que les femmes y lavent même le linge. Ce village vit en symbiose avec le monde rural, les vaches paissent tranquillement sur les bas côtés des routes et en face du cimetière. C’est bien plus tard que le village se transforme avec le développement de l’urbanisation des années 80-90.
La première partie du siècle meurtrit profondément les familles avec la grande guerre qui cause la perte de 27 jeunes gens de la commune.
Au début de la 2ème guerre mondiale, à l’été 1940, les réfugiés belges sont accueillis dans plusieurs familles à Blanquet, au Brugas, à Mazens, à Revel, à Pinet, au village haut et dans d’autres lieux peut être. Le secrétaire de mairie et instituteur, monsieur Labit, en fournissant de faux certificats, contribue à sauver une famille juive réfugiée à Revel.
Dans les années 50 la vie rurale rythme encore les semaines et les saisons. Le village a beaucoup de vitalité avec son boulanger, ses 2 épiceries, ses 2 forgerons, son menuisier, son charron, son laitier, son café (3 avant la guerre), ses 2 écoles, sa mairie et son église. Le dimanche, les fêtes et offices religieux rassemblent la population. À la sortie de la messe on se retrouve, on bavarde. L’église, flambant neuve, repeinte par le peintre Gaillard Lala en 1930 sur commande de l’abbé Aliès, est l’objet d’un bon entretien.
De jeunes agriculteurs engagés dans le mouvement JAC (Jeunesse Agricole Catholique) animent la salle paroissiale, montent des spectacles. La place ombragée de tilleuls, au sol irrégulier parfois en herbe et souvent en terre battue offre un terrain de jeu aux enfants qui envahissent la rue principale pour jouer à la marelle ou faire du vélo. Les voitures peu nombreuses roulent lentement. Lors des fêtes votives de sainte Cécile, de la fête du printemps, on danse sur la route.
La deuxième partie du siècle voit la mécanisation de l’agriculture, la modernisation des campagnes avec plus de confort, l’arrivée de l’eau courante grâce au barrage de Razisse. Dans ce contexte de développement économique des « 30 glorieuses », les métiers se transforment, les forgerons ne battent plus le fer mais se reconvertissent dans la mécanique, la construction de machines agricoles, l’installation de salles de bain, de chauffage, les charpentes métalliques.
Le village vit une profonde mutation, dans ses activités avec l’utilisation massive de l’automobile, dans son espace avec la création de lotissements et l’arrivée de nouveaux habitants qui génère plus de services. Un tissu associatif très actif maintient les liens dans une commune de moins en moins rurale et de plus en plus soumise aux règles urbaines du Grand Albigeois auquel elle appartient depuis le début du XXIème siècle.
[1] Signé par Louis IX et Raymond VII de Toulouse, le traité de Paris mettait fin à la croisade contre les Albigeois.
Bibliographie, sitographie :
Camille Rabaud, Histoire du protestantisme dans l’Albigeois et le Lauragais, 1873, ouvrage en ligne
Yvon Assié, Histoire brève de Fréjairolles 1212-1900, Atelier graphique Saint Jean, Albi 1982
Suzanne Boudon-Maynadier, recherches et documents personnels, témoignages et photographies
Site de la communauté d’agglomération de l’Albigeois
http://www.grand-albigeois.fr/329-me-promener.htm
Archives départementales du tarn
http://archives.tarn.fr/index.php?id=858